L’historique du baptême
L’Église primitive prenait le baptême très au sérieux, elle l’a encadré rapidement, vers l’an 100, Ignace écrit à l’Église des Smyrniotes :
VIII.2 Il n’est pas permis en dehors de l’évêque ni de baptiser, ni de faire l’agape, mais tout ce qu’il approuve, cela est agréable à Dieu aussi. Ainsi tout ce qui se fait sera sûr et légitime.
Voici comme la Didache, écrite quelques dizaines d’années après le Nouveau Testament définit la pratique du baptême :
1. Quant au baptême, baptisez ainsi : après avoir proclamé tout ce qui précède, baptisez au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit dans de l’eau vive (courante).
2. – Mais, si tu n’as pas d’eau vive, baptise dans une autre eau; si tu ne peux pas (baptiser) dans l’eau froide, que ce soit dans l’eau chaude. Si tu n’as ni l’une ni l’autre (en quantité suffisante), verse trois fois de l’eau sur la tête au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit.
3. – Avant le baptême, que celui qui administre le baptême et celui qui le reçoit se préparent par le jeûne et, si d’autres personnes le peuvent (qu’elles fassent de même); en tous cas tu commanderas à celui qui va être baptisé de jeûner un ou deux jours auparavant.
Alors qu’on baptisait dès la conversion à l’époque apostolique, deux tendances opposées à l’extrême se profilent par la suite;
1. La tendance géronto-baptiste
Des chrétiens dans les années 200-300 ap JC. attendaient souvent la fin de leur vie pour se faire baptiser ; le cas le plus célèbre fut celui de l’empereur Constantin, le 22 mai 337.
Comment se fait-il que plusieurs attendaient si tard pour se faire baptiser alors que dans les Actes des apôtres, on s’empressait de demander le baptême ou de l’administrer ?
C’est à cause de l’action de purification (pardon ou rémission des péchés) attribuée au baptême et basée sur Ac.2:38 et 22:16 où le baptême est associé étroitement au pardon des péchés et au lavement des péchés. Comme c’était un peu moins clair comment les péchés après le baptême étaient pardonnés (il y avait la confession, et la prière de la foi, par exemple, 1Jean 1:7 à 1Jean 2:2 et Jacques 5:15-16) – il n’y avait plus de rite spécifique comme tel, plusieurs préféraient retarder leur baptême. À cette époque, cela causait un réel dilemme aux réactions diamétralement opposées – baptiser son bébé ou attendre sur son lit de mort pour se faire baptiser ! Cela démontrait une grave lacune au niveau de l’enseignement chrétien. On ne réalisait pas que le pardon des péchés acquis à la croix concernent non seulement tous les péchés passés, mais aussi présents et futurs.
Actes 2:38 Pierre leur dit: Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ, pour le pardon de vos péchés; et vous recevrez le don du Saint-Esprit.
Actes 22:16 Et maintenant, que tardes-tu? Lève-toi, sois baptisé, et lavé de tes péchés, en invoquant le nom du Seigneur.
1Jean 1:7 Mais si nous marchons dans la lumière, tout comme Dieu lui-même est dans la lumière, nous sommes en communion les uns avec les autres et le sang de Jésus-Christ son Fils nous purifie de tout péché.
8 Si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous nous trompons nous-mêmes et la vérité n’est pas en nous.
9 Si nous reconnaissons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous les pardonner et pour nous purifier de tout mal.
10 Si nous disons que nous n’avons pas péché, nous faisons de Dieu un menteur, et sa parole n’est pas en nous.
2:1 Mes petits enfants, je vous écris cela afin que vous ne péchiez pas. Mais si quelqu’un a péché, nous avons un défenseur auprès du Père, Jésus-Christ le juste.
2 Il est lui-même la victime expiatoire pour nos péchés, et non seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux du monde entier.
Jacques 5:15 La prière de la foi sauvera le malade et le Seigneur le relèvera. S’il a commis des péchés, le pardon lui sera accordé.
16 Avouez-vous donc vos fautes les uns aux autres et priez les uns pour les autres afin d’être guéris. La prière du juste agit avec une grande force.
Vers la fin du premier siècle, au temps de l’apôtre Jean, le pasteur d’Hermas reprend une formule semblable à celle associée au baptême de repentance de Jean-Baptiste quand il écrit:
«4:3 Nous avons reçu le baptême pour la rémission des péchés.»
Plus tard, Irénée, l’évêque de Lyon vers 175, écrivit:
Par la foi, nous savons que ce baptême est le sceau de la vie éternelle. … Purifier leurs âmes et leur corps par le baptême d’eau et d’Esprit
Un peu plus tard encore, vers les années 200, Tertullien mentionne qu’il ne faut pas se fier à l’apparence banale du baptême d’eau, car Dieu se sert des choses folles pour confondre les sages. J’ai rajouté les références bibliques entre parenthèses.
Heureux sacrement que celui de l’eau chrétienne, qui, lavant les souillures de nos ténèbres passées (Actes 22:16), nous enfante à la liberté de la vie éternelle! (Jean 3:3, Tite 3:5) (…) Rien ne déconcerte plus les idées de l’homme que la simplicité des opérations divines dans ce qui frappe nos sens d’une part, et de l’autre la magnificence des effets qui en résultent. Il en va ainsi de notre baptême. Quoi de plus simple? Point de pompe; point d’appareil nouveau; point de cérémonie dispendieuse. Toutefois parce que le néophyte plongé dans l’eau pendant que l’on prononce sur lui quelques paroles, ne paraît pas sortir plus pur intérieurement de ce bain, on ne veut pas croire qu’il ait obtenu l’éternité.(…) « Dieu a choisi ce qui était insensé selon le monde, pour confondre sa sagesse. (1Corinthiens 1:27)—- Ce qui est impossible aux hommes est facile à Dieu. (Marc 10:27) »
Tertullien n’était pas pour le baptême des bébés, il n’était pas pour le baptême rapide des convertis non plus, il tente de donner des explications pas très convaincantes pour ne plus faire comme les premiers chrétiens qui se faisaient baptiser dès leur conversion. Dans son temps, on avait pris la coutume de retarder le baptême, on organisa une période de préparation au baptême pouvant durer 2 ans. Dans son traité sur le baptême, Tertullien (155-222) la décrit ainsi. :
XVIII. Du reste, ceux qui sont chargés de l’administration du baptême n’ignorent pas qu’il ne faut pas le conférer légèrement. Ce précepte: « Donnez à tous ceux qui vous demandent, » a sa mesure, et s’applique à l’aumône. Souvenons-nous plutôt de ces paroles: « Gardez-vous de donner aux chiens les choses saintes; ne jetez point vos perles devant les pourceaux; » et ailleurs: « N’imposez pas facilement les mains à personne, de peur de participer aux péchés d’autrui. » Sans doute Philippe administra facilement le baptême à l’eunuque, mais n’oublions pas qu’un ordre manifeste et formel était intervenu de la part du Seigneur. L’Esprit avait recommandé à Philippe de suivre cette route; l’eunuque lui-même s’occupait à lire les Prophètes, sans songer à demander si promptement le baptême. Il songeait seulement à monter au temple pour y prier. Chemin faisant, il était tout entier à la méditation de l’Ecriture. Religieuses dispositions dans lesquelles devait être surpris celui auquel Dieu envoyait volontairement un Apôtre à qui l’Esprit ordonnait en outre de monter sur le char de l’eunuque. L’Ecriture va au-devant de sa foi; l’exhorter, le choisir, lui révéler le Seigneur est l’affaire d’un moment; sa foi ne supporte pas de retard; l’eau ne se fait pas attendre; le baptême consommé, l’Apôtre disparaît. —- Mais enfin Paul fut baptisé sans délai. —- Oui, sans délai; car Simon, son hôte, l’avait reconnu d’abord pour un vase d’élection. La bonté de Dieu se distingue à certaines prérogatives. Au reste, toute demande peut tromper ou être trompée. Il est donc plus utile de différer le baptême d’après l’état, la disposition et l’âge de chacun, mais surtout par rapport aux enfants: pourquoi, en effet, exposer au péril ceux qui répondent pour eux? La mort ne peut-elle pas les empêcher d’acquitter leurs promesses? S’ils vivent, le mauvais naturel des enfants ne peut-il pas tromper leurs espérances? Il est bien vrai que notre Seigneur a dit: « Laissez-les venir à moi! » Qu’ils viennent donc, mais quand ils seront plus âgés; qu’ils viennent, mais quand ils auront étudié, et qu’il leur aura été enseigné pourquoi ils viennent; qu’ils soient marqués du sceau des Chrétiens, mais quand ils auront pu connaître Jésus-Christ. Pourquoi l’âge de l’innocence court-il à la rémission des péchés? On en use avec plus de précaution pour les choses du siècle: confierons-nous les trésors du ciel à qui nous ne confierions pas ceux de la terre? Que les enfants apprennent donc à demander le salut, afin qu’il ne semble accordé qu’à ceux qui le demandent.
2. La tendance pédo-baptiste
– Baptême orthodoxe
Maintenant qu’on a vu ce qui motivait les géronto-baptistes, regardons plus attentivement le raisonnement derrière le pédo-baptisme qu’on retrouve encore de nos jours chez les catholiques et chez les orthodoxes. Eux aussi accordent une valeur spirituelle sacramentale au baptême qu’ils perçoivent comme une sorte d’introduction dans la famille de Dieu, (Ro.6:3-5) comme un remplacement de la circoncision juive qui ne concernait que les mâles, cf. Col.2:11-12.
Romains 6:3 Ignorez-vous que nous tous qui avons été baptisés en Jésus-Christ, c’est en sa mort que nous avons été baptisés? 4 Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême en sa mort, afin que, comme Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, de même nous aussi nous marchions en nouveauté de vie. 5 En effet, si nous sommes devenus une même plante avec lui par la conformité à sa mort, nous le serons aussi par la conformité à sa résurrection,
1Corinthiens 12:13 Nous avons tous, en effet, été baptisés dans un seul Esprit, pour former un seul corps, soit Juifs, soit Grecs, soit esclaves, soit libres, et nous avons tous été abreuvés d’un seul Esprit.
Colossiens 2:11 Et c’est en lui que vous avez été circoncis d’une circoncision que la main n’a pas faite, mais de la circoncision de Christ, qui consiste dans le dépouillement du corps de la chair: 12 ayant été ensevelis avec lui par le baptême, vous êtes aussi ressuscités en lui et avec lui, par la foi en la puissance de Dieu, qui l’a ressuscité des morts.
On va chercher comme base scripturaire pour cette pratique dans Actes 16:33 où le geôlier se fit baptiser avec toute sa famille et aussi 1Corinthiens 1:16 où Paul mentionnait qu’il avait baptisé la famille de Stéphanas; certains aiment à penser qu’il s’y trouvait des bébés aussi, ce qui est difficile à recevoir parce que la foi est posée comme une condition essentielle dans les Écritures, cf. Actes 8:36-38.
Ac.8:36 Comme ils continuaient leur chemin, ils rencontrèrent de l’eau. Et l’eunuque dit: Voici de l’eau; qu’est-ce qui empêche que je ne sois baptisé? 37 Philippe dit: Si tu crois de tout ton coeur, cela est possible. L’eunuque répondit: Je crois que Jésus-Christ est le Fils de Dieu. 38 Il fit arrêter le char; Philippe et l’eunuque descendirent tous deux dans l’eau, et Philippe baptisa l’eunuque.
Tertullien dans son traité sur le baptême déclare entre autres :
«Cette eau nous lave des péchés contractés au temps de notre ancien aveuglement» – Le baptême I.1.
Plus loin, il souligne le symbolisme de l’eau : On pourrait comparer le baptême à un acte banal :
«les péchés nous salissent comme de la crasse, l’eau nous en lave.» – Le baptême IV.5.
Voici un extrait du livre de Gerard Henry-Baudry «Le baptême et ses symboles»
Ce thème symbolique de l’eau qui lave les péchés est le plus central et le plus commun de la théologie baptismale de l’Église ancienne et le restera comme une donnée essentielle du baptême chrétien.
L’eau y prend une telle charge symbolique aux yeux des chrétiens que le simple mot lui-même devient synonyme de baptême. On le voit par exemple, dans le pasteur d’Hermas qui conjoint deux symboliques déjà traditionnelles:
«Le sceau, c’est l’eau» – Pasteur d’Hermas 93,4.
«Votre vie a été et sera sauvée par l’eau». – Hermas dit dans Vision III 3,5
Dans les Actes de Paul III,25 :
«Thècle, sois patiente, et tu recevras l’eau»
On comprend dès lors que Tertullien qualifie le baptême précisément de «sacrement de l’eau» au sens de «mystère de l’eau», traduisant le mysteriôn grec par le sacramentum latin avec le succès que l’on sait. Cyprien de Carthage explique clairement cet usage:
«Sous le nom d’eau, c’est le baptême qui a toujours été signifié.» – Correspondance, lettre 63, 9.1.
Selon Justin Martyr, le baptême chrétien est essentiellement «le baptême de vie».
Pour Irénée de Lyon, l’eau baptismal symbolise alors la matrice, le sein maternel qui enfant les enfants de Dieu.
C’est probablement Cyrille de Jérusalem qui l’a fait avec le plus de réalisme lorsqu’il dit, s’adressant aux néophytes :
«Et dans un même moment, vous mourriez (immersion) et vous naissiez (émersion): cette eau salutaire fut et votre tombeau et votre mère. – Catéchèses mystagogiques.
Bref la théologie de la nouvelle naissance est une constante de la théologie et de la spiritualité du baptême, émergeant dès les origines conjointement avec celui du pardon des péchés. Thomas d’Aquin le résume ainsi :
«L’effet essentiel est celui pour lequel le baptême a été institué : la naissance à la vie spirituelle» – Somme Théologique Q 69
Voici un enseignement d’Irénée de Lyon (130-208) dans son traité «La prédication des apôtres et ses preuves »
4. Or, voici ce que nous assure la foi telle que les presbytes, disciples des apôtres, nous l’ont transmise. Tout d’abord, elle nous oblige à nous rappeler que nous avons reçu le baptême pour la rémission des péchés, au nom de Dieu le Père, et au nom de Jésus-Christ, le Fils de Dieu, qui s’est incarné, est mort et ressuscité, et dans l’Esprit-Saint de Dieu. Par elle, nous savons que ce baptême est le sceau de la vie éternelle et la régénération en Dieu, afin que nous soyons, non plus seulement les fils des hommes mortels, mais aussi les enfants de ce Dieu éternel et indéfectible….
7. lors de notre nouvelle naissance, le baptême évoque ces trois articles, en nous faisant renaître avec Dieu le Père, par la médiation de son Fils, avec le Saint-Esprit.
Voici un autre enseignement d’Irénée de Lyon (130-208) dans son livre «Contre les hérésies »
Car, comme de farine sèche on ne peut, sans eau, faire une seule pâte et un seul pain, ainsi nous, qui étions une multitude, nous ne pouvions non plus devenir un dans le Christ Jésus sans l’Eau venue du ciel. Et comme la terre aride, si elle ne reçoit de l’eau, ne fructifie point, ainsi nous-mêmes, qui n’étions d’abord que du bois sec, nous n’aurions jamais porté du fruit de vie sans la Pluie généreuse venue d’en haut. Car nos corps, par le bain du baptême, ont reçu l’union à l’incorruptibilité, tandis que nos âmes l’ont reçue par l’Esprit. C’est pourquoi l’un et l’autre sont nécessaires, puisque l’un et l’autre contribuent à donner la vie de Dieu.
Clément d’Alexandrie (150-220), dans son livre intitulé Pédagogue I. VI.26, considérait le baptême comme une nouvelle naissance et une régénération:
1.6 26:1 Étant baptisés, nous sommes illuminés ; illuminés, nous devenons des fils ; étant des fils, nous sommes établis dans la perfection ; étant parfaits, nous devenons immortels. «Je vous l’ai dit, ainsi parle-t-il, vous êtes des dieux et tous des fils du Très-Haut» Ps.82:6. On appelle cette oeuvre différemment des noms de grâce, d’illumination, de perfection et de bain. Elle est le bain par lequel nous sommes lavés de nos péchés, la grâce qui remet les peines provenant de nos transgressions, l’illumination qui nous confère cette lumière sainte du salut, grâce à quoi nous pouvons, autrement dit, voir Dieu clairement. Et nous appelons parfait ce à quoi rien ne fait défaut. Que manque-t-il donc à celui qui connaît Dieu ? Il serait vraiment étonnant, en effet, qu’une chose incomplète mérite d’être appelée un don de la grâce divine.
Origène (183-253), disait se baser sur l’exemple des apôtres pour baptiser les enfants et la quasi-totalité des Pères de l’Église étaient aussi en faveur de cette pratique.
Cyprien de Carthage (200-258) enseignait dans son épître 62.8 que le Saint-Esprit était reçu au baptême. Il plaidait aussi en faveur du baptême des bébés :
Si la rémission des péchés est accordée même aux pires offenseurs, et à ceux qui ont auparavant commis plusieurs péchés contre Dieu après leur conversion, et si personne n’est exclu du baptême et de la grâce ; combien moins les bébés devraient en être exclus. Ces nouveaux-nés qui n’ont commis aucun péché, à part d’avoir contracté l’ancienne mort parce qu’ils sont nés dans la lignée d’Adam selon la chair ? En effet, l’approche du bébé à la réception de la rémission des péchés est la plus facile puisque les péchés remis ne sont pas les siens, mais ceux de quelqu’un d’autre.
La rémission des péchés lors du baptême du bébé est portée sur le compte de quelqu’un d’autre puisque le bébé n’a pas eu le temps encore de faire un seul péché. Je ne me rappelle pas avoir lu cela ailleurs… dans ma théologie, c’est la vie parfaite de Jésus qui obtient la rémission des péchés, pas la vie parfaite d’un bébé !
Jean Chrysostome aussi considérait le baptême comme effaçant les péchés et ensuite la pénitence pour traiter les péchés commis après le baptême.
Voulez-vous une preuve de l’usage où sont les justes de s’accuser eux-mêmes au lieu d’accuser les autres ? Écoutez Paul s’écrier : « Je rends grâces à Celui qui m’a fortifié, au Christ qui m’a jugé fidèle et qui m’a chargé de ce ministère, moi qui ai d’abord été blasphémateur, persécuteur, détracteur. » (1 Tim 1,12-13) Voilà comment il s’accuse lui-même. » Le Christ, dit-il encore, est venu dans le monde sauver les pécheurs, desquels je suis le premier. -Je ne suis pas digne du nom d’apôtre, ayant persécuté l’Église de Dieu. » (Ibid.,1( et 1 Cor 15,9)
Le voyez-vous en toute occasion se déprécier lui-même ? C’est qu’il connaissait les avantages de ce genre d’accusation qui a pour fruit la justice. Toutes les fois qu’il avait à s’accuser lui-même, l’Apôtre le faisait sans ménagement; mais, quand il voit juger la mauvaise conduite du prochain, il prend le ton le plus sévère et il dit aux fidèles : « Ne jugez point avant le temps; car le Seigneur viendra, et Il portera la lumière jusqu’au plus épais des ténèbres, et Il mettra à découvert les secrets des coeurs. » (1 Cor 4,5) Laissez tout jugement à Celui qui connaît tous les mystères du genre humain. Alors même que vous croiriez connaître parfaitement la conduite de votre frère, vous êtes plus d’une fois induit en erreur. » Qui peut connaître ce qui se passe dans l’homme, sinon l’esprit qui est en lui ? » (1 Cor 2,11) Combien d’hommes que l’on méprise et que l’on dédaigne actuellement, resplendiront d’un éclat plus vif que celui du soleil ! Combien, parmi les plus grands et les plus illustres, ne seront alors que poussière et sépulcres blanchis ? Vous avez entendu Paul se déprécier lui-même, et rappeler sans cesse dans les termes les plus véhéments et les plus énergiques les péchés dont il n’avait cependant aucun compte à rendre; car s’il s’était rendu coupable, avant le baptême, d’outrages et de blasphèmes, ces fautes, le baptême les avait effacées. S’il en rappelle le souvenir, ce n’est pas qu’il doive en rendre compte, mais pour faire éclater la divine miséricorde et montrer ce qu’il était avant d’être transformé et changé en apôtre, lui naguère persécuteur. Si l’Apôtre n’oublie pas les fautes qu’il avait commises avant le baptême, à plus forte raison ne nous faut-il pas oublier celles que nous avons commises après le baptême. Quelle cause pourrions-nous alléguer, quelle indulgence mériter, si nous ne nous rappelions pas les prévarications dont le compte nous sera demandé, alors que l’Apôtre revient constamment sur des prévarications complètement effacées, et si, négligeant nos propres fautes, nous nous occupions indiscrètement des fautes du prochain ?
Voici un extrait du livre de Gerard Henry-Baudry «Le baptême et ses symboles»
Jean Chrysostome va jusqu’à compter, parmi les diverses appellations du baptême, celle de «sépulture», la considérant donc comme traditionnelle dans la lignée de Paul. «Cette purification spirituelle (…) est aussi appelée sépulture. Car, dit l’Apôtre, nous avons été ensevelis avec lui par le baptême pour mourir au péché…» Dans un autre passage, il commente ainsi le rite de l’immersion: «Notre tête est plongée dans l’eau comme dans un tombeau.» Même enseignement dans la seconde catéchèse. «Sépulture et résurrection, voilà ce qu’est le baptême : le vieil homme est enseveli avec le péché et l’homme nouveau ressuscite rénové à l’image de Celui qui l’a créé.». On peut rapprocher l’image du vieil homme plongé dans l’eau mortifère du baptême de celle du diable qui y est aussi englouti. En effet, Jean reprend l’exégèse typologique du passage de la mer Rouge comme préfiguration du baptême. On notera que, pour lui aussi, la noyade du Pharaon annonce celle du diable dans les eaux baptismales: «Tu n’as pas vu le Pharaon noyé avec ses armes, mais tu as vu le diable englouti avec ses armes». N’oublions pas que le baptême applique à chaque chrétien la victoire du Christ sur le diable.
Au Moyen-Age, la pratique du pédo-baptisme l’a finalement emporté et mit fin à l’incongruité du géronto-baptisme dans les familles chrétiennes. Ceux qui se convertissaient du paganisme continuaient à suivre la pratique néo-testamentaire du baptême après un catéchuménat durant habituellement 2 ans leur permettant d’acquérir les rudiments de la foi chrétienne. Voici ce que j’ai lu sur le site catholique croire.la-croix.com qui explique que la pratique du baptême des bébés date de 1200 ans après JC.
« A partir du XIIe siècle, on baptise les bébés. Pourquoi ? La mortalité infantile était effrayante depuis longtemps. Or la maladie n’en est plus la seule cause : pauvreté, famines, guerres : des parents en viennent à supprimer leurs nouveau-nés. Les évêques s’émeuvent. Les synodes réagissent et prescrivent le baptême. La conscience morale collective évolue. En parallèle la théologie aussi, et l’on veut faire bénéficier ces enfants qu’on entend protéger, de la grâce du sacrement dès que possible (quam primum). Les prêtres doivent dès lors enseigner à tout chrétien comment baptiser en urgence. On développe pour la même raison le baptême par effusion contre le baptême par immersion. Autrement dit, on ne baigne plus, on verse de l’eau sur le front. »
Je cite wikipedia pour la pratique du baptême au Moyen-Age et par la suite:
Il n’y a pas de parrain : au cours de la cérémonie, un fidèle connu et respecté se porte garant du catéchumène ; on l’appelle le « sponsor », « celui qui pousse ».
Le baptême de Clovis, vers 496, est l’un des événements fondateurs de l’identité nationale française. Jusqu’à la cérémonie, Clovis est païen ; il croit aux multiples dieux germains de ses ancêtres. C’est sans doute à la suite d’un vœu fait lors d’une bataille contre les Alamans que le roi des Francs se convertit au catholicisme. Sa femme Clotilde, très croyante, la pression des évêques de Gaule et des motivations politiques ont pu également entrer en jeu. L’historien Grégoire de Tours nous raconte la cérémonie dans son Histoire des Francs, écrite au VIe siècle. Clovis fut baptisé par l’évêque de Reims, Rémi, avec plusieurs milliers de ses soldats, dans le baptistère de la cathédrale. Cet événement marque l’alliance du pouvoir royal et de l’Église. Le peuple franc se convertit mais les pratiques païennes subsistèrent encore longtemps.
Les rites du baptême se fixent progressivement aux temps mérovingiens. À l’époque de Clovis, il se pratiquait encore à l’âge adulte après la période de catéchuménat. Seul l’évêque pouvait administrer ce sacrement. Le baptisé entrait dans une grande cuve baptismale située dans le baptistère et se plongeait trois fois dans l’eau. Cette triple immersion rappelle que le baptême est reçu « au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit » (voir le dogme de la Trinité). Le baptisé devait déclarer sa profession de foi (le credo). Ensuite, une messe était dite dans l’église.
Avec la diffusion du christianisme, les églises se multiplient et chacune contient un baptistère (ou fonts baptismaux). Symboliquement, le baptistère est près d’une porte, car il faut être baptisé pour s’approcher du chœur de l’église. Avec la généralisation des fonts baptismaux, les prêtres vont alors donner le sacrement du baptême, souvent par aspersion. Pour les cas d’urgence, le baptême peut même être donné par une personne non baptisée, sans cérémonie particulière. En 314, le concile d’Arles, confirmé en 1439 par le concile de Florence, admit la validité du baptême administré par un païen : l’Église ne récuse pas le donateur, pas plus que le naufragé n’enquête sur son sauveteur.
Le christianisme bien implanté, le nombre d’enfants à baptiser dépasse progressivement le nombre d’adultes. Le souci de baptiser les enfants se fait donc de plus en plus aigu, car le baptême signifie le salut de l’âme, indispensable pour aller au paradis. À la fin du XIIe siècle, la mortalité infantile est effrayante. Aussi la théologie évolue et autorise le baptême quam primum (dès que possible). Au XIIIe siècle, la pratique du baptême sur les nouveau-nés est généralisée. C’est alors le parrain qui prononce la profession de foi et renonce à Satan pour le bébé. Le sacrement de Confirmation viendra, comme son nom l’indique, confirmer le baptême quand l’enfant aura grandi. Des hérésies se sont attaqué au baptême et l’ont remis en question.
En France, jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, en dehors des classes élevées de la société (famille royale, princes du sang et haute noblesse), le baptême des enfants avait généralement lieu dans les heures qui suivaient la naissance, plus rarement le lendemain ou le surlendemain, le père de l’enfant n’hésitant pas, quelles que soient les conditions climatiques et son emploi du temps, à parcourir plusieurs kilomètres pour faire baptiser l’enfant par le premier prêtre disponible (le plus souvent dans sa propre paroisse, sinon dans une paroisse voisine en cas d’absence du curé). Cette précipitation, dans un contexte de forte mortalité infantile, était destinée à permettre à l’enfant, s’il mourait, d’aller au ciel ; en effet, un enfant mort non baptisé était réputé aller dans les limbes, espace différent du paradis, où l’âme errait sans fin. De même, puisqu’il n’était pas baptisé, il ne pouvait recevoir de sépulture chrétienne.
Les anabaptistes, suite à la Réforme, ne reconnaissaient pas la validité du baptême des bébés, puisque ceux-ci ne sont pas en mesure de faire une profession de foi jugée obligatoire pour avoir droit au baptême, comme la question de Philippe à l’eunuque le laisse supposer, cf. Actes 8:36-38. Les anabaptistes, ancêtres des évangéliques, baptisaient à nouveau les adultes (d’où le nom anabaptistes qui veut dire baptisés deux fois) qui faisaient profession de foi même s’ils avaient déjà été baptisés étant bébés.
Actes 8:36 Comme ils continuaient leur chemin, ils rencontrèrent de l’eau. Et l’eunuque dit: Voici de l’eau; qu’est-ce qui empêche que je sois baptisé? 37 Philippe dit: Si tu crois de tout ton coeur, cela est possible. L’eunuque répondit: Je crois
que Jésus-Christ est le Fils de Dieu. 38 Il fit arrêter le char; Philippe et l’eunuque descendirent tous deux dans l’eau, et Philippe baptisa l’eunuque.
Ce passage est omis dans les meilleurs manuscrits mais il montre quand même la condition au baptême dans l’église primitive.
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