Pourquoi les Mormons se font-ils baptiser à la place de leurs ancêtres morts ?

Vous avez peut-être entendu parler que les Mormons fouillent leurs registres ancestraux afin de se faire baptiser pour eux et leur assurer une place dans le royaume de Dieu. Voici une information que j’ai prise sur un de leurs sites web.

Joseph Smith a enseigné pour la première fois l’ordonnance du baptême pour les morts pendant un discours de funérailles en août 1840. Il a lu une grande partie de 1Corinthiens 15, notamment le verset 29, et il a annoncé que le Seigneur permettrait aux membres de l’Église d’être baptisés par procuration pour leurs amis et les membres de leur famille qui avaient quitté cette vie. Il leur a dit : « Le plan du salut a été calculé pour sauver toutes les personnes qui sont disposées à obéir aux exigences de la loi de Dieu » Comme toutes les personnes qui ont vécu sur terre n’ont pas eu l’occasion de se faire baptiser par l’autorité appropriée pendant leur séjour sur terre, les baptêmes peuvent être accomplis par procuration, c’est à dire qu’une personne vivante peut se faire baptiser par procuration pour une personne décédée. Les baptêmes pour les morts sont accomplis par des membres de l’Église dans des temples partout dans le monde. Il est arrivé que des personnes se demandent si la dépouille des défunts pouvait être dérangée d’une quelconque manière dans ce processus ; il n’en est rien. La personne qui agit par procuration utilise seulement le nom du défunt. Pour éviter un travail en double, l’Église conserve un registre des personnes décédées qui ont été baptisées. Certaines personnes ont compris à tort que lorsque des baptêmes pour les morts sont accomplis, les noms des personnes décédées sont ajoutés sur les listes de membres de l’Église. Tel n’est pas le cas.

Tout d’abord citons le verset biblique d’où est tiré cette doctrine chère aux Mormons:

1Corinthiens 15:29 Autrement, que feraient ceux qui se font baptiser pour les morts? Si les morts ne ressuscitent absolument pas, pourquoi se font-ils baptiser pour eux?

« Pour les morts » peut aussi signifier: « pour être joints aux morts », c’est-à-dire que pour les nouveaux chrétiens, le baptême se faisait au péril de leur vie (comme c’est le cas dans les pays musulmans). Ainsi on peut traduire:

« Pourquoi certains se font-ils baptiser au risque de mourir? » (version Semeur)

Ce sens convient bien au contexte des versets suivants.

1Corinthiens 15:29 Autrement, que feraient ceux qui se font baptiser pour les morts? Si les morts ne ressuscitent absolument pas, pourquoi se font-ils baptiser pour eux? 30 Et nous, pourquoi sommes-nous à toute heure en PÉRIL? 31 Chaque jour je suis EXPOSÉ A LA MORT, je l’atteste, frères, par sujet, en Jésus-Christ notre Seigneur. 32 Si c’est dans des vues humaines que j’ai combattu contre les bêtes à Éphèse, quel avantage m’en revient-il? Si les morts ne ressuscitent pas, Mangeons et buvons, car demain nous mourrons.33 Ne vous y trompez pas: les mauvaises compagnies corrompent les bonnes moeurs.

« Je suis EXPOSÉ A LA MORT » litt.: on me tue, il s’agit d’un raccourci linguistique correspond à celui du verset 29 « baptisé pour les morts ». L’écrivain grec avait souvent recours à ce procédé pour sauver de temps de l’espace de l’encre et du papier ! Jésus, lui-même, a employé ce sens métaphorique :

Marc 10:38-39 Jésus leur répondit: Vous ne savez ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je dois boire, ou être baptisés du baptême dont je dois être baptisé? Nous le pouvons, dirent-ils. Et Jésus leur répondit: Il est vrai que vous boirez la coupe que je dois boire, et que vous serez baptisés du baptême dont je dois être baptisé;.

Luc 12:49-50 Je suis venu jeter un feu sur la terre, et qu’ai-je à désirer, s’il est déjà allumé?
Il est un baptême dont je dois être baptisé, et combien il me tarde qu’il soit accompli!

Pour résumer, dans cette optique, le baptême pour les morts devrait être traduit «le baptême sur les morts», c’est-à-dire pour rejoindre immédiatement les morts en Christ c’est alors une métaphore du martyr probable que subiront les chrétiens qui, parce qu’ils croyaient à la résurrection des morts, ont accepté d’être baptisés au nom de Jésus-Christ qui est lui-même mort et ressuscité. Notons que le baptême symbolise la mort et la résurrection, la mort par l’ensevelissement sous l’eau et la résurrection par la sortie de l’eau.

Cette expression comprise ainsi pourrait non seulement concerner les martyrs mais aussi ceux qui attendent le trépas avant de se faire baptiser, cette pratique devint courante les siècles qui suivirent, peut-être existait-elle déjà au temps de Paul? Encore là, rappelons que Paul ne l’approuve pas, il ne fait que souligner son existence pour montrer que plusieurs croient à la résurrection des morts.

Voici une explication trouvée sur le web :

le sens semble être: A quoi servirait-il de prendre place dans le témoignage chrétien (par le baptême), à la suite de ceux qui se sont endormis en Christ (verset 18), si notre espérance n’est que pour cette vie (v.19)? ne serait-il pas finalement plus simple de rentrer chez soi et de manger et de boire (v.32)?

Explorons un peu d’autres avenues en sa basant sur la syntaxe de l’expression; « pour les morts » en grec c’est « huper tôn nekrôn », la préposition « huper » avec le génitif est employée généralement de 4 manières différentes:

1. génitif d’avantage 1Co.11:24 mon corps « pour » vous

2. ablatif d’échange 2Co.5;14 est mort « à la place de » tous

3. ablatif de cause Ph.1:29 souffrir « à cause de » lui
4. génitif de référence 2Co.8:23 « au sujet de » Tite

« pour être joints aux morts » se situerait dans quelle catégorie?

1. se font baptiser pour procurer un avantage aux morts (mormon)

2. se font baptiser à la place des morts
3. se font baptiser à cause des morts
4. se font baptiser en relation avec les morts

Aucune de ces nouvelles options n’est justifiable ailleurs bibliquement. Si Paul a en tête l’une de ces options, notons qu’il ne s’associe pas à cette pratique, car il emploie la troisième personne du pluriel, si cela l’aurait concerné aussi il aurait dit: « nous qui se sommes fait baptiser pour être joints aux morts », parce que dans les versets suivants il montre la précarité de son ministère.

Paul semble donc s’être seulement servi de cette pratique comme un argument de plus pour soutenir qu’il y avait une résurrection.

L’hérésie mormone consiste à faire dire à Paul qu’il approuve cette pratique, tandis que le contexte nous montre qu’il est en train de donner tous les arguments possibles lui venant à l’esprit pour prouver que les morts ressusciteront.

15:1-9 Tous les témoins, dont lui-même, qui ont vu Jésus ressuscité.
15:12-19 l’argument logique, pas de résurrection donc pas de foi, la vie chrétienne est triste et vaine.

15:29 même les non-chrétiens croient en la résurrection, car ils se font baptiser pour les morts.
15:30-32 les épreuves de son ministère n’ont aucun sens

15:35-58 l’argument de la faisabilité, les corps peuvent ressusciter, cp. la semence etc.

Il se peut que certains, parmi les chrétiens de Corinthe, se soient faits baptiser à la place de chrétiens décédés avant d’avoir pu être baptisés. On rapporte des cas semblables dans l’Église de Corinthe au temps de Jean, puis par après chez les Marcionites et les Novatiens. C’est cette coutume qui a été reprise par les mormons qui font des recherches généalogiques très poussées pour retracer leurs ancêtres et se faire baptiser pour eux afin de leur procurer un avantage spirituel.

D’autres encore comprennent ce passage comme un baptême pour les mourants ou comme l’administration du sacrement sur la tombe des défunts.

Voici l’explication de Gleason Archer dans son «Encyclopedia of Bible Difficulties»

«Quelqu’un qui a été grandement impressionné par le témoignage d’un saint mourant peut certainement être assez ému pour se joindre à lui dans la repentance, la foi et l’engagement envers le Seigneur – dans une joyeuse attente de le rencontrer dans son corps glorifié.

Comme l’a fait remarquer G.W. Bromley dans «Evangelical Dictionary of Theology», quelle que soit de la juste interprétation de ce passage difficile, il reste que le sens plus large est sans aucun doute que le baptême est un témoignage concernant la résurrection. Paul affirme que le baptême perd tout son sens si la mort n’est pas suivie par la résurrection.

mai 2, 2019

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