M’aimes-tu ?

Après sa résurrection, Jésus est apparu à ses disciples. Il a été voir Pierre, il l’a regardé avec amour et Il lui a demandé 3 fois : « M’aimes-tu ? »

L’amour répond à l’amour et Pierre lui a répondu 3 fois : « Oui, Seigneur, je t’aime ».

La réplique de Jésus montre COMMENT Jésus allait demander à Pierre de prouver son amour.

Prends soin de MES brebis. Ce ne sont pas tes brebis, Pierre, ce sont les brebis de Jésus. Vous n’êtes pas les brebis de votre pasteur, mais votre pasteur va prouver à Jésus son amour pour lui en prenant soin de vous

Il ne pourra probablement pas le faire en personne quand son église est nombreuse ou quand son appel lui demande une grande implication à d’autres niveaux, mais il va s’assurer de former des pasteurs pour rencontrer personnellement chacune des brebis que Jésus a placée sous sa responsabilité et il va s’informer régulièrement de leur marche chrétienne.

Chaque chrétien peut se sentir concerné par la question de Jésus à Pierre. Nous pouvons tous montrer à Jésus qu’on l’aime vraiment en prenant soin les uns des autres.

Par exemple, le mari prend soin de sa femme et vice et versa, les parents prennent soin de leurs enfants, les enfants prennent soin de leurs frères et sœurs. Bien entendu, cela s’élargit à toute la famille de Dieu, car Jésus a aussi enseigné que c’est par l’amour que nous manifestons les uns pour les autres que nous prouvons que nous sommes ses disciples.

En regardant plus attentivement les verbes employés dans la discussion entre Jésus et Pierre nous remarquons que Jésus dit (agapaô) à Pierre : Est-ce que tu m’aimes (agapaô) et Pierre disant 2 fois : Oui Jésus je t’aime avec beaucoup d’affection (phileô), pour montrer à Jésus quel type d’amour il ressent envers lui avec émotion. Jésus à Pierre une troisième fois : Tu m’aimes vraiment affectueusement (phileô) ? Pierre à Jésus : Oui Jésus je t’aime affectueusement, tendrement.

Certains voient en phileô un standard d’amour moins élevé que agapaô, ce n’est pas mon avis, comme plusieurs passages bibliques le démontrent, phileô insiste sur l’aspect affectueux, tandis que agapaô fait appel plus souvent à l’aspect volonté. Cette distinction n’est toutefois pas toujours évidente à faire. Le même Jean l’emploie pour décrire l’amour du Père envers le Fils qui lui fait montrer tout ce qu’il sait faire. C’est du grand amour, ça !

Jean 5:20 Car le Père aime (phileô) le Fils, et lui montre tout ce qu’il fait; et il lui montrera des oeuvres plus grandes que celles-ci, afin que vous soyez dans l’étonnement.

Est-ce que Jean voulait vraiment nuancer l’amour que Jésus avait pour lui dans ces passages ? Pas mpossible, mais vraiment pas évident en tous cas ! Voici un autre exemple où la distinction ne saute pas aux yeux, d’ailleurs elle est invisible dans les traductions françaises, comme dans le cas précédent où le même verbe aimer est aussi employé.

Jean 20:2 Elle courut vers Simon Pierre et vers l’autre disciple que Jésus aimait (phileô)

Jean 13:23 Un des disciples, celui que Jésus aimait (agapaô), était couché sur le sein de Jésus.

Phileô et agapaô sont aussi les verbes employés pour décrire l’amour que Jésus éprouvait pour Lazare, au point que les juifs l’avaient remarqué.

Jean 11:35 Jésus pleura. 36 Sur quoi les Juifs dirent: Voyez comme il l’aimait (phileô) 37 Et quelques-uns d’entre eux dirent: Lui qui a ouvert les yeux de l’aveugle, ne pouvait-il pas faire aussi que cet homme ne mourût point?

Jean 11:5 Or, Jésus aimait (agapaô) Marthe, et sa soeur, et Lazare.

Hébreux 12:6 Car le Seigneur châtie celui qu’il aime (agapaô), et il frappe de la verge tous ceux qu’il reconnaît pour ses fils.

Apocalypse 3:19 Moi, je reprends et je châtie tous ceux que j’aime (phileô). Aie donc du zèle, et repens-toi.

Conclusion, comme pour Jean et Lazare, Jésus nous aime avec affection (phileô) et avec volonté (agapaô).

Phileô et agapaô ne sont pas pour autant des frères jumeaux. Phileô implique les émotions et les démonstrations affectives, comme quand Judas a embrassé Jésus. Un baiser se dit philema et Philémon signifie celui qui embrasse, tandis que philosophie signifie l’affection pour la sagesse. Il y a beaucoup de noms composés avec philia, comme Philadelphie « amour fraternel » mais aucun avec agapè.

Matthieu 26:48 Celui qui le livrait leur avait donné ce signe: Celui que je baiserai (phileô), c’est lui; saisissez-le.

Judas avait fait semblant d’aimer Jésus avec ferveur en allant le saluer par un saint baiser, Pierre a répondu à Jésus qu’il l’aimait avec ferveur pour vrai. J’aime bien la distinction agapaô dans le sens volitif quand c’est le temps d’aimer nos ennemis. Ce n’est pas évident d’avoir de l’affection pour eux et de leur donner des bisous (qui ressembleraient à ceux de Judas !), mais on peut choisir de leur faire du bien.

Aimons aussi Jésus pour vrai, avec ferveur et un jour on pourra lui faire aussi une grosse accolade avec un vrai saint baiser !

Je trouve quand même qu’il ne faut pas trop pousser la distinction et y aller avec le contexte concernant agapaô et phileô.

Les deux verbes sont employés pour décrire la relation Père et Fils – phileô Jn.5:20, agapaô Jn.3:35.

Jean 3:35 Le Père aime (agapaô) le Fils, et il a remis toutes choses entre ses mains.

Jean 5:20 Car le Père aime (phileô) le Fils, et lui montre tout ce qu’il fait;

Tout dépend du contexte dans lequel les mots sont employés, on voit bien dans Jean 21 qu’il y a une légère nuance, mais cette nuance est beaucoup moins perceptible dans les deux passages que je viens de citer, par exemple.

S’il y a une chose qui peut les distinguer PARFOIS, comme je l’ai déjà fait remarquer, c’est que philêo met plus l’accent sur l’aspect AFFECTIF, mais il y a évidemment aussi de l’affection dans agapaô. Agapaô met l’accent plus sur l’aspect VOLITIF :

Dans les versets qui suivent, Matthieu voulait possiblement souligner que les pharisiens avaient beaucoup d’affection pour les meilleures places dans les festins et les prières pour être bien vus des hommes (AFFECTIF) tandis que Luc voulait souligner que les pharisiens voulaient ardemment les premières places (VOLITIF) :

Mt 23:6 ils aiment (phileô) la première place dans les festins,

Luc 11:43 Malheur à vous, pharisiens! parce que vous aimez (agapaô) les premiers sièges dans les synagogues, et les salutations dans les places publiques.

Aspect volitif

Mt.22:37 Tu aimeras (agapaô) le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme et de toute ton intelligence.

Luc 6:27 Mais je vous dis, à vous qui m’écoutez: Aimez (agapaô) vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent

Ce n’est pas évident d’avoir des transports d’affection pour ceux qui nous haïssent, Jésus ne nous en demande pas tant quand même, mais on peut faire un acte de volonté et décider de les aimer d’une manière concrète en leur faisant du bien et en demandant à Dieu de les bénir.

Aspect affectif

L’aspect affectif ressort assez fortement dans les passages suivants.

Mt 6:5 Lorsque vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites, qui aiment (phileô) à prier debout dans les synagogues et aux coins des rues, pour être vus des hommes.

2Timothée 3:4 aimant le plaisir plus que Dieu (philotheos)

Matthieu 10:37 Celui qui aime (phileô) son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi,

Luc 22:47 Comme il parlait encore, voici, une foule arriva; et celui qui s’appelait Judas, l’un des douze, marchait devant elle. Il s’approcha de Jésus, pour le baiser (phileô)

Jean 12:25 Celui qui aime (phileô) sa vie la perdra, et celui qui hait sa vie dans ce monde la conservera pour la vie éternelle.

Jean 15:19 Si vous étiez du monde, le monde aimerait (phileô) ce qui est à lui; mais parce que vous n’êtes pas du monde, et que je vous ai choisis du milieu du monde, à cause de cela le monde vous hait.

Jean 16:27 car le Père lui-même vous aime (phileô), parce que vous m’avez aimé (phileô), et que vous avez cru que je suis sorti de Dieu.

1Corinthiens 16:22 Si quelqu’un n’aime (phileô) pas le Seigneur, qu’il soit anathème! Maranatha.

Tite 3:15 Tous ceux qui sont avec moi te saluent. Salue ceux qui nous aiment (phileô) dans la foi. Que la grâce soit avec vous tous!

On « phileô » ceux qui sont aimables et on « agapaô » ceux qui ne sont pas aimables !

Il y a aussi certaines gens qui sont faciles à aimer « agapaô » mais qui ne sont pas faciles à vivre « phileô ». C’est particulièrement le cas des gens blessés pour qui on éprouve de la compassion. On est prompts à leur consacrer du temps pour les aider à se relever, mais en même temps, on rend grâces au Seigneur de ne pas être avec eux tout le temps parce qu’ils vont puiser beaucoup dans nos ressources émotionnelles.

décembre 14, 2018

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    • En effet, l’amour agapaô fait appel à la volonté plutôt qu’aux sentiments comme phileô, c’est pourquoi il est plus indiqué quand on parle de commandement. En pratiquant l’amour agapaô, on peut en venir à développer de l’amour phileô, le premier n’exclut pas le deuxième.

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