Comment a été formé le canon des Écritures ?

De même que le Dieu tout puissant a inspiré des hommes pour qu’ils mettent par écrit ses directives afin de les instruire, de les stimuler et de les encourager dans son culte et dans son service, il allait les diriger et les guider dans la compilation des écrits inspirés et l’élaboration du canon de la Bible, c’est le témoignage intérieur que reçoivent ceux qui sont habités par le Saint-Esprit.

Mais cela ne fut pas un processus facile, cela a pris des siècles avant que le Nouveau Testament soit fixé définitivement aux deux conciles de Carthage en Afrique du Nord, en 397 et en 419 ap JC en Occident. En Orient, ce n’est qu’en 506 que la Bible syriaque inclut les mêmes livres qu’en Occident.

On a peu d’information sur la compilation de l’Ancien Testament comme telle. On sait que Moïse a écrit la torah (un mot hébreu qui signifie « loi ») ce sont les 5 premiers livres de la Bible (ou presque, car la fin de Deutéronome relate son décès (33:5-12) !)

Le canon juif a été établi progressivement, au fur et à mesure de la rédaction des livres inspirés. Lorsqu’un prophète écrivait un ouvrage, celui-ci était tout naturellement incorporé parmi les textes sacrés. Par exemple, le prophète Daniel considérait les écrits de Jérémie, son aîné de quelques décennies, comme faisant partie du canon biblique.

Daniel 9:2 la première année de son règne, moi, Daniel, je vis par les livres qu’il devait s’écouler soixante-dix ans pour les ruines de Jérusalem, d’après le nombre des années dont l’Eternel avait parlé à Jérémie, le prophète.

On lit dans Proverbes 25:1 que les gens d’Ezéchias (le dixième roi après Salomon) ont rassemblé les proverbes prononcés par Salomon. Dieu dit à Ésaïe de mettre par écrit Sa Parole pour les générations futures.

Esaïe 30:8 Va maintenant, écris ces choses devant eux sur une table, et grave-les dans un livre, afin qu’elles subsistent dans les temps à venir, éternellement et à perpétuité.

Plusieurs Pères de l’église refusaient de reconnaître le Cantique des Cantiques comme inspiré, à cause de son caractère érotique.


Mais regardons d’abord la formation de l’Ancien Testament.

D’après l’historien juif Josèphe et la tradition juive, Esdras a commencé à compiler et à cataloguer le canon des Écritures hébraïques, et Néhémie a achevé le travail. Esdras était l’un des rédacteurs inspirés de la Bible, il était aussi prêtre, érudit et copiste officiel des écrits sacrés (Esdras 7:1-11). Conformément aux Écritures, le canon devait être achevé par des contemporains de Jésus, de surcroît, israélites selon la chair et membres du peuple d’Israël.

Romains 3:1 Quel est donc l’avantage des Juifs, ou quelle est l’utilité de la circoncision?
2 Il est grand de toute manière, et tout d’abord en ce que les oracles de Dieu leur ont été confiés.

En l’an 70 ap. JC, Titus est venu détruire le temple et dispersé les juifs. Cela a motivé des rabbins pharisiens à se retrouver près de Jaffa en Israel en 98 ap. JC pour restructurer la religion juive et répondre à certaines questions relatives au canon de la Bible hébraïque. Ils ont décidé que la période d’inspiration des textes sacrés a duré de Moïse jusqu’à Malachie (vers 420 avant JC.). Donc, pour eux, tous les écrits postérieurs à cette date ne sont pas la Parole de Dieu sans erreur ; par exemple les 7 livres apocryphes écrits seulement en grec qu’on retrouve dans la traduction grecque Septante et toute la littérature apocalyptique qui a proliféré avant la venue de Jésus. Évidemment ces pharisiens rejetèrent aussi les livres du Nouveau Testament car pour eux, le christianisme était une secte et ses écrits ne pouvaient donc pas être inspirés de Dieu.

Actes 24:14 Je t’avoue bien que je sers le Dieu de mes pères selon la voie qu’ils appellent une secte, croyant tout ce qui est écrit dans la loi et dans les prophètes

Livres refusés

Encore aujourd’hui, il y a divergence dans la chrétienté ; certaines Bibles ont 66 livres et d’autres en rajoutent sept supplémentaires dans l’Ancien Testament.

Une quinzaine de livres, de chapitres et de fragments de textes ont été écartés par les Juifs et les Réformateurs. Jérôme qui avait traduit la Bible en latin, la fameuse Vulgate, ne voulait pas y rajouter les livres apocryphes mais Augustin y tenait, alors le pape Damase l’a obligé de les rajouter. Ils ont été par la suite toujours présents dans les Bibles catholiques, l’Église catholique s’en sert pour appuyer leurs doctrines du purgatoire, de la prière pour les morts, des indulgences, etc. — tous ces points étant vigoureusement combattus par les protestants, au premier rang desquels Luther.

a) Les sept livres figurant dans le canon catholique :

– Tobie ou Tobit : curieuse épopée d’un père aveugle (Tobit) et de son fils (Tobie) conduits par un ange du territoire de Nephtali jusqu’à Ecbatane (en Médie), écrite vers 200 av. J.-C.

– 1 et 2 Maccabées : récits historiques ou légendaires exaltant les révoltes juives dirigées par les Maccabées contre les rois de Syrie (en premier lieu Antiochus Épiphane) entre 175 et 135 av. J.-C.

– Judith : histoire d’une héroïne nationale juive s’introduisant dans le camp d’un général assyrien pour lui trancher la tête et assurer une délivrance inespérée au peuple juif, vers 150 av. J.-C.

– Baruch : court livre de cinq chapitres attribués au secrétaire du prophète Jérémie poursuivant son message en 3 grands thèmes (confession des péchés d’Israël, éloge de la sagesse, chants sur la captivité et le retour).

– Le Siracide (ou Ecclésiastique) : enseignement d’un maître de sagesse dispensé à Jérusalem au IVème siècle av. J.-C. et ressemblant aux Proverbes de Salomon.

– Le Livre de la Sagesse : traité de morale attribué à un certain Salomon vivant à Alexandrie au Ier siècle av. J.-C., qui désapprouve le scepticisme, le matérialisme et l’apostasie.

Les raisons de leur refus

Une simple lecture et une étude rapide de ces écrits nous permettent de comprendre aisément pourquoi les autorités juives (et à leur suite, les responsables des églises protestantes, anglicanes et même grecques orthodoxes, pour les mêmes raisons) ne leur ont jamais accordé le statut de livres canoniques :

a) le caractère réellement prophétique fait défaut ;
b) la véritable autorité divine est passée sous silence ;
c) aucune nouvelle révélation messianique n’est affirmée ;
d) plusieurs erreurs doctrinales ou historiques sont présentées ;
e) les destinataires présumés les ont eux-mêmes déconsidérés.

Ces livres contiennent plusieurs erreurs doctrinales et historiques. Le temps nous manque pour qu’on s’étende là-dessus. Juste un exemple quand même, dans 2Macchabées 12:38-46, on parle de prière et d’offrande en faveur des morts pour expier leurs péchés. On ne retrouve cela nulle part dans la Bible. Quand Paul parle de ceux qui se font baptiser pour les morts dans 1Corinthiens 15:29, il mentionne cela seulement comme preuve que ces gens croyaient en la résurrection, il n’est pas en train de nous enseigner à faire comme eux, comme les Mormons l’ont compris et font des recherches généalogiques pour ensuite se faire baptiser pour leurs ancêtres ! Le sort de celui qui est mort est réglé, rien ne pourra le changer, comme le montre Jésus dans la parabole de Lazare et du mauvais riche.

Luc 16:25 Abraham répondit: Mon enfant, souviens-toi que tu as reçu tes biens pendant ta vie, et que Lazare a eu les maux pendant la sienne; maintenant il est ici consolé, et toi, tu souffres.
26 D’ailleurs, il y a entre nous et vous un grand abîme, afin que ceux qui voudraient passer d’ici vers vous, ou de là vers nous, ne puissent le faire.

Écrits mentionnés dans la Bible mais qui ne s’y trouvent pas

les Guerres de l’Éternel (No 21:14)
le Livre du Juste (Jos 10:13 ; 2 S 1:18)

le Livre des actes de Salomon (1 R 11:41)
le Livre de Samuel le voyant (1 Ch 29:29)
le Livre de Nathan le prophète (1 Ch 29:29 ; 2 Ch 9:29)

le Livre de Gad le prophète (1 Ch 29:29)
la Prophétie d’Achija de Silo (2 Ch 9:29)
les Révélations de Jéedo le prophète (2 Ch 9:29)
le Livre de Schemaeja le prophète (2 Ch 12:15)
le Livre d’Iddo le prophète (2 Ch 12:15 ; 13:22)
les Mémoires de Jéhu (2 Ch 20:34)
le Livre de Hozaï (2 Ch 33:19)
les prophéties d’Hénoch/Hénoc (Jud v. 14)
une épître aux Laodicéens(Col 4:16) peut-être Éphésiens qui était en fait une lettre circulaire.
une épître aux Corinthiens (2Co.7:8) entre les deux qui nous sont parvenues.

Formation du Nouveau Testament

L’idée d’écrire un Nouveau Testament n’était pas présente à la pensée des premiers chrétiens, mais ce n’est pas pour autant qu’ils n’estimaient pas la Bonne Nouvelle à sa juste valeur. Ils annonçaient la Bonne Nouvelle comme étant la Parole de Dieu.

1Thessaloniciens 2:13 C’est pourquoi nous rendons continuellement grâces à Dieu de ce qu’en recevant la parole de Dieu, que nous vous avons fait entendre, vous l’avez reçue, non comme la parole des hommes, mais, ainsi qu’elle l’est véritablement, comme la parole de Dieu, qui agit en vous qui croyez.

Ce passage montre que quand Paul prêchait, il était conscient quand il transmettait des mystères de Dieu qui lui avaient été révélés par Jésus-Christ lui-même (1Co.11:23, Ro.16:25, Ga.1:11-12, Ep.3:1-5). Ce n’était pas en distribuant des Bibles qu’il transmettait la Parole de Dieu mais en annonçant verbalement la Bonne Nouvelle. Il faisait aussi une distinction quand il parlait selon sa propre sagesse (1Co.7:10-13).

1Corinthiens 11:23 Car j’ai reçu du Seigneur ce que je vous ai enseigné

Romains 16:25 A celui qui peut vous affermir selon mon Evangile et la prédication de Jésus-Christ, conformément à la révélation du mystère caché pendant des siècles,

Galates 1:11 Je vous déclare, frères, que l’Evangile qui a été annoncé par moi n’est pas de l’homme;12 car je ne l’ai ni reçu ni appris d’un homme, mais par une révélation de Jésus-Christ.

Éphésiens 3:1 A cause de cela, moi Paul, le prisonnier de Christ pour vous païens…
2 si du moins vous avez appris quelle est la dispensation de la grâce de Dieu, qui m’a été donnée pour vous.
3 C’est par révélation que j’ai eu connaissance du mystère sur lequel je viens d’écrire en peu de mots.
4 En les lisant, vous pouvez vous représenter l’intelligence que j’ai du mystère de Christ.
5 Il n’a pas été manifesté aux fils des hommes dans les autres générations, comme il a été révélé maintenant par l’Esprit aux saints apôtres et prophètes de Christ.

1Corinthiens 7:10 A ceux qui sont mariés, j’ordonne, non pas moi, mais le Seigneur, que la femme ne se sépare point de son mari
11 si elle est séparée, qu’elle demeure sans se marier ou qu’elle se réconcilie avec son mari, et que le mari ne répudie point sa femme.
12 Aux autres, ce n’est pas le Seigneur, c’est moi qui dis: Si un frère a une femme non-croyante, et qu’elle consente à habiter avec lui, qu’il ne la répudie point;
13 et si une femme a un mari non-croyant, et qu’il consente à habiter avec elle, qu’elle ne répudie point son mari.

Rapidement, la Parole de Dieu incorruptible, vivante et permanente ne désigna plus seulement l’Ancien Testament comme Paul, Pierre dit qu’elle a été annoncée aussi par l’Évangile.

1Pierre 1:23 régénérés, non par une semence corruptible, mais par une semence incorruptible, par la parole vivante et permanente de Dieu.
24 Car toute chair est comme l’herbe, et toute sa gloire comme la fleur de l’herbe. L’herbe sèche, et la fleur tombe;
25 Mais la parole du Seigneur demeure éternellement. Et cette parole est celle qui vous a été annoncée par l’Evangile.

L’évangile ne se limite pas dans les textes aux quatre évangiles reconnus mais à tout l’enseignement doctrinal oral et écrit circulant à cette époque qui nous est parvenu aujourd’hui. Ceux qui ont suivi les apôtres ont regroupés ces écrits pour former le Nouveau Testament et le rajouter à l’Ancien Testament pour compléter la Parole de Dieu.

Le besoin d’avoir des écrits s’est fait sentir quand les témoins oculaires de Jésus et ses apôtres sont allés le rejoindre graduellement. Dans les années 60, Luc rapportait que déjà plusieurs avaient entrepris d’écrire des récits de la vie de Jésus mais sans avoir toute la rigueur requise pour que Dieu soit glorifié alors il avait entrepris lui-même cette grande tâche.

Luc 1:1 Plusieurs ayant entrepris de composer un récit des événements qui se sont accomplis parmi nous,
2 suivant ce que nous ont transmis ceux qui ont été des témoins oculaires dès le commencement et sont devenus des ministres de la parole,
3 il m’a aussi semblé bon, après avoir fait des recherches exactes sur toutes ces choses depuis leur origine, de te les exposer par écrit d’une manière suivie, excellent Théophile,
4 afin que tu reconnaisses la certitude des enseignements que tu as reçus.

Le foisonnement des écrits religieux entre les années 50 et 150 de l’ère chrétienne a obligé les Pères de l’Eglise à établir un choix rigoureux. Un des critères essentiels pris en considération a été leur caractère « apostolique ». En effet, l’apôtre a, dans l’histoire de l’Eglise, une fonction unique qui ne se répète pas : il est témoin oculaire et auditif de l’événement « Jésus ». Par conséquent, seuls les écrits ayant pour auteur un apôtre – ou un de ses disciples directs (Marc interprète de Pierre et Luc interprète de Paul) ou un frère du Seigneur (Jacques et Jude) sont censés garantir la pureté du témoignage chrétien. Le canon du N.T. s’est donc formé par élimination. C’est ainsi qu’on a finalement décidé d’écarter le livre du pasteur Hermas et l’épître de Clément aux Corinthiens qui avaient été écrits au temps des apôtres. Excellente décision, Hermas enseigne la perte du salut tandis que Clément parlait du phoenix, cet oiseau mythique qui renaît de ses cendres à tous les 500 ans, pour appuyer la résurrection ! Aïe !

L’évolution du Canon des Écritures


a) Liste de Marcion

Le plus ancien recueil d’écrits néo-testamentaires connu aujourd’hui est l’œuvre d’un certain Marcion, vers 150, qui a été condamné comme hérétique, car il rejetait d’office tout ce qui était en relation étroite avec l’A.T. Selon sa théorie, les seuls auteurs légitimes étaient Paul (apôtre des nations) et Luc (disciple de Paul). Son canon ne renferme donc que le seul évangile selon Luc et dix épîtres de Paul.

b) Irénée de Lyon, vers 180, reconnaissait les 4 évangiles dans son livre « Contre les hérésies ».

c) Canon de Muratori

Le « canon de Muratori » est une liste de livres saints, découverte à la Bibliothèque ambrosienne de Milan par le bibliothécaire Ludovico Muratori (1672-1750) ; cette liste est en latin mais elle est certainement traduite d’une liste grecque remontant au II° siècle, aux alentours de l’an 180 : la phrase qui fait penser que cette liste est très ancienne est « quand au Pasteur, Hermas l’a écrit récemment… »

Cette liste (probablement établie en réaction contre celle de Marcion) reconnaît comme canoniques les 4 évangiles, les Actes, 13 épîtres pauliniennes, Jude, 1 et 2 Jean, l’Apocalypse de Jean et celle de Pierre (avec une certaine réserve, il est vrai). Ce canon affirme qu’Hermas était un frère du pape Pie Ier (mort en 155), ce que le contexte du Pasteur semble confirmer.
d) Clément d’Alexandrie, vers 200, considérait encore « le Pasteur d’Hermas » (écrit à la fin du 1er siècle ap JC) et « l’Apocalypse de Pierre » comme des Ecritures inspirées. C’est lui aussi qui invita, dans l’Ancien Testament, à ne pas se limiter aux livres hébraïques, mais à inclure les livres de sagesse et autres livres de langue grecque. Il encourageait aussi les chrétiens à accepter comme inspirés les livres apocryphes retenus plus tard par l’église catholique.

e) Origène, vers 230, un théologien renommé (fils spirituel de Clément d’Alexandrie) publia en Egypte une liste complète des livres canoniques qui fit petit à petit autorité dans le monde chrétien. Il tenait aussi le Pasteur d’Hermas comme livre inspiré, assimilant son auteur à Hermas, mentionné par Paul dans Ro.16:14.

La décision

Tertullien, mort vers 222, établit une réciprocité entre la règle de la foi et l’Ecriture. L’idée du concept dogmatique d’un « canon des Ecritures » est semée.

Finalement, 27 ouvrages ont été déclarés canoniques. Deux critères les recommandent :

– ils ont tous été reconnus écrits au cours de la 2ème moitié du Ier siècle (critère d’ancienneté) ;
– ils émanent des apôtres eux-mêmes ou de leurs disciples directs (critère d’authenticité).

Toutefois, il a fallu patienter jusqu’à la fin du IVème siècle pour que ce canon soit accepté par toutes les composantes du monde chrétien : en Orient, peu après l’an 350, Athanase, évêque d’Alexandrie présente le Pasteur d’Hermas comme « n’étant pas du canon , il séparait les livres « canoniques » des livres apocryphes. Il inclut les 27 livres dans sa lettre pastorale de Pâques de l’an 367 et en Occident, c’est vers l’an 400 que Jérôme et Augustin officialisèrent ces mêmes 27 livres. La décision finale fut prise à la suite de plusieurs rencontres ecclésiastiques importantes : synode de Rome (382), concile d’Hippone (393) et les deux conciles de Carthage (397 et 419).

Quels sont donc ces livres du Nouveau Testament qui ont pris des siècles avant de faire l’unanimité ?

L’épître aux Hébreux a été longtemps rejeté en Occident parce qu’on ne connaissait pas son auteur, les églises de l’orient tenaient Paul pour son auteur, ce qui est loin d’être sûr, plusieurs pensent que ce serait plutôt Apollos l’auteur.

Pour l’Apocalypse de Jean, c’est l’inverse, ce sont les églises orientales qui la rejetaient à cause de son caractère visionnaire, trop proche de la tradition tannaïte ; composée de juifs un peu trop portés sur l’apocalypse au goût des chrétiens orientaux, voir, par exemple, le livre de Énoch, tout de même respecté au point d’être cité par Jude dans son épître qui a été retenue dans la Bible et aussi dans l’épître de Barnabas qui est très ancienne.

Jude 14 C’est aussi pour eux qu’Énoch, le septième depuis Adam, a prophétisé en ces termes: Voici, le Seigneur est venu avec ses saintes myriades,
15 pour exercer un jugement contre tous, et pour faire rendre compte à tous les impies parmi eux de tous les actes d’impiété qu’ils ont commis et de toutes les paroles injurieuses qu’ont proférées contre lui des pécheurs impies.

Barnabas 4:3. Le scandale de la fin s’est approché, comme dit l’Écriture par la bouche d’Énoch (cf. Énoch 89, 61-64). Le Seigneur a réduit les temps et les jours afin que se hâtât son bien-aimé, et qu’il entrât en possession de son héritage. ).

Je ramène maintenant votre attention sur l’Apocalypse de Jean. Le célèbre apologète Athanase l’avait inclus dans sa liste de 27 livres en émettant toutefois des réserves. C’est donc dire que plusieurs éminents chrétiens de l’époque ne prenaient pas au sérieux l’avertissement qu’on retrouve à la fin de l’Apocalypse de Jean !

Apocalypse 22:18 Je le déclare à quiconque entend les paroles de la prophétie de ce livre: Si quelqu’un y ajoute quelque chose, Dieu le frappera des fléaux décrits dans ce livre;
19 et si quelqu’un retranche quelque chose des paroles du livre de cette prophétie, Dieu retranchera sa part de l’arbre de la vie et de la ville sainte, décrits dans ce livre.

Jean ne parlait pas de l’ensemble de la Bible ici, comme certains le laissent penser en citant ce passage mais bien de CE livre concernant CETTE prophétie. Jean ne pouvait pas savoir si la Bible était complétée, d’ailleurs il a peut-être même écrit son évangile et ses épîtres après l’Apocalypse. De toute façon, le concept du Nouveau Testament comme nous le concevons n’était pas encore figé dans l’écriture à cette époque.

Vers le milieu du IIe siècle, Justin de Naplouse est le premier à identifier l’auteur à Jean fils de Zébédée, l’un des apôtres de Jésus de Nazareth, et affirme que ce dernier est revenu, après sa détention à Patmos, à Éphèse où il aurait vécu jusqu’au début du règne de Trajan, soit l’an 98. Un peu plus tard par Irénée de Lyon attribue également l’évangile et les lettres johanniques à l’apôtre. Papias d’Hiérapolis attribue quant à lui ce livre à Jean le Presbytre (ou Jean l’Ancien), qui serait un disciple de Jean l’apôtre, devenu responsable de la communauté d’Éphèse à la fin du ier siècle. Mais déjà au iiie siècle, Denys d’Alexandrie procède à une analyse textuelle qui lui fait conclure que l’Apocalypse n’a pas été rédigée par l’auteur de l’évangile johannique ou des trois premières épîtres qu’il attribue à l’apôtre Jean. Il attribue le texte apocalyptique, suivant Papias, à Jean le Presbytre qui distingue ce dernier de Jean, l’un des Douze. Au ive siècle, en se fondant sur Papias, Polycarpe de Smyrne et Denys, Eusèbe de Césarée attribue à son tour le texte à Jean le Presbytre.

En dépit des décrets de Gélase, pape de 492 à 496, les littératures apocalyptiques autres que celle de Jean seront recopiées et tenues pour partie prenante du Nouveau Testament jusqu’au milieu du Moyen Âge.

L’épître à Philémon était ignorée de l’Église syriaque qui connaît en revanche une 3e épître aux Corinthiens.

2Pierre à cause d’une différence de style trop marquée par rapport à la 1ère épître de Pierre.

Jude à cause de certaines références aux livres apocryphes de Hénoc et de l’Assomption de Moïse.

2Jean et 3Jean à cause de l’ambiguïté des termes « l’ancien », « la dame élue », « la sœur élue » (2 Jean 1,13), et des termes « l’ancien » et « Gaïus » de 3 Jean 1.

Martin Luther n’aimait l’épître de Jacques à cause de sa façon d’associer les oeuvres à la foi, il la traitait d’épître de paille. Dans sa traduction de la Bible en allemand, il la plaça à la fin des autres livres en compagnie de l’épître aux Hébreux, de Jude et de l’Apocalypse, écrits qu’il ne considérait pas comme canoniques. Zwingli ne compte pas l’Apocalypse de Jean parmi les Écritures et Calvin n’en fait aucun commentaire. Éventuellement, ces livres furent intégrées à leur endroit usuel dans toutes les versions protestantes. Depuis ce temps, le contenu de la Bible protestante n’a pas été questionné par les hommes estimés dans le monde évangélique.

Il y a des sectes comme les Mormons ou l’Islam qui ont rajouté des livres, disant que la révélation de Dieu sur le plan doctrinal continue mais cela entre en contradiction flagrante avec ce qui est écrit dans la Bible :

Jude 3 Bien-aimés, comme je désirais vivement vous écrire au sujet de notre salut commun, je me suis senti obligé de le faire afin de vous exhorter à combattre pour la foi qui a été transmise aux saints une fois pour toutes.

Donc, en ce qui concerne la Bible, le canon est fermé depuis la fin du 1er siècle mais Dieu n’a pas cessé pour autant de parler aux hommes, c’est juste sur le plan doctrinal que la foi nous a été transmise une fois pour toutes. Dieu parle encore aujourd’hui pour avertir, encourager, restaurer et diriger les hommes. En voici quelques exemples pour conclure cette partie.

Job 33:14 Dieu parle cependant, tantôt d’une manière, Tantôt d’une autre, et l’on n’y prend point garde.
15 Il parle par des songes, par des visions nocturnes, Quand les hommes sont livrés à un profond sommeil, Quand ils sont endormis sur leur couche.
16 Alors il leur donne des avertissements Et met le sceau à ses instructions,
17 Afin de détourner l’homme du mal Et de le préserver de l’orgueil,
18 Afin de garantir son âme de la fosse Et sa vie des coups du glaive.

Actes 11:28 L’un d’eux, nommé Agabus, se leva, et annonça par l’Esprit qu’il y aurait une grande famine sur toute la terre. Elle arriva, en effet, sous Claude.

De nos jours, Dieu peut encore aussi annoncer des événements à venir, ce n’est pas doctrinal, c’est historique ! Le pasteur Joël Spinks nous a donné l’exemple de Cindy Jacobs à qui Dieu avait révélé des paroles prophétiques sur des nations qui se sont réalisées.

Donc, en résumé, c’est Dieu qui a inspiré le contenu de la Bible mais cela a pris du temps avant que les églises chrétiennes s’entendent sur les livres devant en faire partie.

Il reste toujours une polémique (mais pas dans le monde évangélique à ce que je sache) concernant les livres apocryphes de l’Ancien Testament. En ce qui concerne le Nouveau Testament, il est solidement établi et reconnu par tous depuis plus de 1500 ans, si on ne tient pas compte des réticences de Martin Luther ou de Zwingli.

mai 21, 2019

Étiquettes : , ,

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *